Workshop Éric Aupol

Du lundi 16 au vendredi 20 décembre 2013
à l’école de Pau (ancien site)
25 rue René Cassin, 64000 Pau

L’acte photographique implique un regard conditionné par sa propre machinerie« Voir rime avec savoir, ce qui nous suggère que l’oeil sauvage n’existe pas, et que nous embrassons aussi les images avec des mots, avec des procédures de connaissance, avec des catégories de pensée..»1 Parmi ces procédures, on peut noter que le dispositif photographique conditionne ce voir, dans sa production et dans sa restitutionIl constitue une opération, nomme une transposition du réel au visible, un travail effectué, au sens de transmutation, entre ce qui est vu, et l’opération mentale, intellectuelle, qui dépose ce regard en image et en discours critique.l s’agira donc de nommer, dans un objet photographique au sens large du terme, ce qui, dans la matérialité et / ou la « philosophie »2 de l’image, délimite, décale, révèle ou obstrue, argumente, prolonge le sujet photographié, en l’occurrence la question du travail.Du territoire au portrait, ou comment espaces et humains interagissent dans / par cette saisie photographique du travail : cette proposition se déploiera dans le contexte singulier de la géographie paloise, en écho aux images réalisées à Lacq, dans une mise en perspective large de la question du travailIl s’agira aussi de s’interroger sur ce que travail et photographie convoquent dans des champs corollaires à l’art, du politique à l’écologie, des sciences humaines aux sciences socialesInterrogations d’actualité au regard de la « scène visuelle » contemporaine, qui se déploie désormais dans les frottements communs de ces outils de penser le monde et la société.S’inscrivant dans une histoire riche en photographie, cette proposition autour du travail fera l’objet d’un rapide retour sur les artistes qui se sont emparés du travail dans un champ large de pratiques, notamment l’édition et le livre, avec des périodes clefs de l’histoire de la photographiePêle-mêle et rapidement : la photographie sociale au XIXe siècle, le constructivisme et quelques avant gardes européennes, une partie de la photographie humaniste, l’exposition New Topographics : Photographs of a Man-Altered Landscape, la straight photography américaine et l’école de Düssel-dorf, les pratiques citationnelles et référentielles, le document contemporain, de Sekula à Paul Graham…)En envisageant une semaine (5 jours) de travail commun, ouverture et clôture peuvent d’ors et déjà se définir Une première demi-journée serait consacrée à ce retour dans l’histoire et l’actualité des pratiques photographiques et éditoriales autour du sujet.Une échéance possible pourra être le moment de l’éditing, et la sélection d’un ensemble cohérent d’images pour penser une restitution collective, sous forme d’exposition, d’édition, aucune forme n’étant définitive et s’adaptant nécessairement à la qualité des travaux.

Eric Aupol

1 Georges Didi Huberman : Devant l’image, questions posées aux fins d’une histoire de l’art,les Éditions de Minuit, collection Critique, Paris,1994:

2 « Tout matériau, tout instrument, tout processus disposent autour d’eux, par leur texture et leur structure, une certaine façon de construire l’espace et le tempsIls activent davantage telle portion de nos systèmes nerveuxIls invitent à des gestes ou des opérations, ils en excluent d’autresPour autant, ils instituent un style d’existence chez ceux qui les utilisentIl n’y a pas de raison que les pellicules, les appareils, les papiers photographiques soient dépourvus de ce genre d’actionSans doute suggèrent-ils un espace et un temps imprévus, une façon autre de saisir la réalité et le réel, l’action et l’acte, l’événement et l’éventuel, l’objet et le processus, la présence et l’absence, bref une certaine philosophie» Henri Van Lier, Philosophie de la photographie, in Les Cahiers de la photographie, Paris, 1983