Journée portes ouvertes à Pau et à Tarbes le samedi 25 janvier 2025 de 10h à 17h !

Parc & pics

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L’École supérieure d’art et de design des Pyrénées propose dans cet axe de recherche d’explorer et de mettre à l’épreuve les rapports de création que l’art peut entretenir aujourd’hui avec la nature, et plus particulièrement ici avec la montagne. Cette recherche veut s’inscrire dans un questionnement contemporain, à l’ère de l’anthropocène et défend l’idée que l’expérience artistique peut favoriser l’évolution de notre relation à la nature/paysage. Elle inscrit cette démarche selon deux directions : une expérience de renouvellement du regard et une attention particulière à penser le monde en fonction de ses transformations environnementales et globales. Dans cette optique un partenariat avec le Parc national des Pyrénées paraît aller de soi.

En 2010-2011, suite au projet de recherche engagé avec l’Observatoire astronomique du pic du Midi, l’équipe pédagogique de l’École supérieure d’art et de design des Pyrénées (Tarbes), avait souhaité associer l’ensemble de ses projets dans une plateforme de recherche collective consacrée au thème de l’observation et du regard, en convoquant l’histoire de l’art depuis ses origines et l’univers des sciences. Elle souhaitait ainsi provoquer une réflexion aux enjeux pluriels: éthiques, esthétiques ou anthropologiques…
Certaines de ces approches s’inscrivaient localement dans un échange avec la région et ses acteurs. La rencontre entre l’ÉSAD Pyrénées et le Parc national s’inscrit naturellement dans cette logique.

En Occident notre rapport à la nature est une construction mentale, perspectiviste, autoritaire et d’appropriation. La confusion des notions de nature et de paysage dans notre culture, l’impact d’une tradition picturale, romantique ou mystique, tient à distance une expérience sensible de la nature, de même que le concept de nature comme entité indépendante néglige la temporalité et oublie l’impact de l’humanité que pointent les inquiétudes écologiques. Comment mener une réflexion sur l’évolution nécessaire du concept occidental de nature ? Comment déplacer notre regard créatif et artistique d’un registre de la domination et de l’autorité vers celui d’un partage et du vivre, celui d’une expérience sensible ? Comment les artistes peuvent-ils s’emparer de cette question, par quelles expériences ? Conscient de l’urgence écologique, l’art doit accompagner ces problématiques et transformer ses modes de vision. Bien sûr, nombreux artistes ont déjà engagé ces mutations. Poser ce questionnement au sein d’un milieu protégé revient à mener une réflexion sur le fondement et l’identité des parcs nationaux. La situation de l’École supérieure d’art et de design des Pyrénées, à Tarbes comme à Pau, au pied des montagnes qui sont l’attrait de la région, donne à ce programme une acuité particulière.

Sarah Chalot. *Cernes*, 2019 Marbre, charbon de bois. Carrière de marbre de l'Espiadet, Campan-Payolle.

Sarah Chalot. Cernes, 2019 Marbre, charbon de bois. Carrière de marbre de l’Espiadet, Campan-Payolle.

Tailler des marches

Éviter. Sortir d’une pensée du paysage et de la nature devenue une notion marketing, comprendre que la nature est un espace d’échange, de vivre. L’idée d’un espace de préservation entretient cette relation primaire avec l’environnement naturel et situe ce rapport en termes de conflit : exploitation / préservation (Timothy Morton, Ecology without Nature). Or il s’agit de reconstruire un espace de partage qui soit celui d’une cohabitation, du respect des écosystèmes et des équilibres naturels. L’art ne parle pas en ces termes exactement mais en termes de représentation, en volume, en image.

Dans le cadre de la convention avec le PNP, Parc & pics engage les étudiants à envisager uniquement des projets d’intervention extérieures respectueuses de l’environnement et du patrimoine particulier de chaque site investi.

Saisons

Les programmes de recherche ont un impact très grand sur une école. Ils s’appuient d’abord sur les engagements des étudiants de second cycle qui dialoguent déjà avec ces questionnements. Ceux-là s’investissent pleinement dans ces projets mais l’implication d’étudiants plus jeunes dès le premier cycle permet une évolution et un approfondissement de la recherche que seul le temps autorise.
L’expérience menée pendant plusieurs années avec le programme Sky to Sky a prouvé combien ces projets nourrissent les étudiants et irriguent une école tant dans les démarches de production que dans la pédagogie. À la fin de leurs études certains étudiants manifestent le désir de prolonger leur engagement dans ce cadre. L’axe de recherche proposé vise à développer une recherche active dans la longue histoire du rapport à la nature et dans l’intention de renouveler ce dialogue. Elle se construit dans l’expérimentation. Dans l’audace que peut porter la créativité de jeunes artistes dont la perception de la nature éloignée de tout romantisme s’ancre dans la société contemporaine.
Que ce programme vise à produire des pièces et à provoquer des chantiers donnant lieu à des expériences pédagogiques nous semble une évidence, qu’il se traduise par des expositions et des événements sans être des simulations mais de véritables expériences publiques donne toute la mesure des engagements des étudiants et des enseignants.

Activités depuis 2017 :

En 2017, à l’occasion des 50 ans de la création du Parc national des Pyrénées, un premier chantier du programme, en partenariat avec la ville de Cauterets, avait réuni quinze étudiant.e.s et abouti à la production d’œuvres présentées lors de deux expositions : d’une part une installation en extérieur, début août, au Pont d’Espagne, et d’autre part une exposition début septembre dans le cadre du Festival pyrénéen de l’image nature au Casino de Cauterets, qui présentait les travaux des étudiants réinstallés intra muros ainsi qu’une édition de livres et dépliants élaborés à partir des archives du Parc national par les étudiants de l’atelier transversal L.I.É (Langage image écriture) de l’ÉSAD Pyrénées à Tarbes.
Un deuxième chantier, engagé à l’automne 2018, prenait pour site d’investigation la marbrière de l’Espiadet à Campan-Payolle, en partenariat avec la mairie de Campan et l’association Les Marbrés de l’Espiadet. Un “temps fort” d’une semaine sur place en novembre, et un suivi régulier tout au long de l’année ont abouti à la conception de quatorze projets : installations, sculptures, interventions picturales sur le site de la carrière ; exposition de travaux et d’éditions dans la Maison des Carriers.

À l’issue d’une présentation publique à la mairie de Campan, l’ensemble des projets a été validé pour l’exposition d’été Parc & pics à l’Espiadet qui s’est montée et tenue du 5 juillet au 15 septembre 2019 sur le site de la marbrière, ainsi que l’exposition parallèle d’un cahier des planches-projets des étudiants au Musée du marbre de Bagnères-de-Bigorre.

L’activité du programme a été suspendue en 2020-2021 en raison de la situation sanitaire. Une exposition Parc & pics au Carmel de Tarbes, initialement programmée au printemps 2020, a été reportée sine die. Une série de rencontres publiques, réunissant de nombreux intervenants, a été reportée à l’automne 2021.

À la rentrée prochaine, le programme entamera une nouvelle saison, avec pour nouveau site d’investigation le Val d’Azun.

Encadrement