Formes et flux gestuels : une approche sémio-esthétique des œuvres performatives

Le jeudi 11 mars 2021 à 14:00
à l’école de Tarbes
Jardin Massey,
place Henri Borde, 65000 Tarbes

+33 (0)5 62 93 10 31
tarbes@esad-pyrenees.fr

Événement destiné aux étudiants de Tarbes

Conférence en ligne de Valeria De Luca (Université de Limoges, Centre de Recherches Sémiotiques)

Formes et flux gestuels : une approche sémio-esthétique des œuvres performatives. Le cas du collectif LIGNA Tanz

Comment peut-on aborder les arts du mouvement d’un point de vue à la fois théorique et méthodologique afin de comprendre les liens entre les effets esthétiques et les effets de sens ? Lorsque l’on parle d’arts du mouvement, nous nous référons tout particulièrement à la variété des danses existantes et aux différentes formes de performance. Ces formes artistiques convoquent souvent d’autres expressions artistiques, plusieurs supports et outils technologiques et médiatiques, ainsi que des espaces autres que celui de la scène.

Dans cet exposé, nous souhaitons tout d’abord montrer un échantillon un tant soit peu représentatif de cette variété qui implique aussi bien des œuvres ou des situations
performatives stricto sensu – à savoir des pratiques reconnues d’emblée en tant
qu’artistiques –, que des pratiques de danse qui engendrent autrement des effets esthétiques et artistiques (comme dans le cas des danses sociales).
Nous nous concentrerons ensuite sur le collectif allemand LIGNA, qui fédère des artistes travaillant sur le corps en mouvement à partir du médium radiophonique. Les performances élaborées par LIGNA mettent l’accent notamment sur le rôle joué par la multiplicité des espaces publics et sociaux, tout comme sur les modalités spécifiques suivant lesquelles les mouvements aussi bien singuliers que collectifs peuvent prendre forme. Ainsi, comme les différents extraits vidéo nous le montreront, le rythme performatif se superpose aux rythmes d’autres actions et gestes quotidiens des individus – marcher, regarder, attendre, etc. – en engendrant un changement attentionnel dans le flux perceptif social global. De plus, loin de tout mimétisme ou adhérence entre le langage verbal et les gestes, les gestes dansés des performances de LIGNA semblent s’offrir au spectateur comme des actes réflexifs qui remettent en question le sens de notre présence au monde en tant que corps en mouvement.

Ce bref détour par la diversité des arts du mouvement nous permettra finalement de montrer comment peuvent s’articuler entre eux des outils provenant de champs disciplinaires différents, notamment la sémiotique, l’esthétique et certaines recherches en danse. En conclusion, la notion de forme – qui se situe à la frontière entre ces trois disciplines – nous permettra de contourner une des difficultés principales de l’étude de la danse, à savoir la segmentation du flux gestuel ; ce dernier sera reconduit à d’autres éléments plastiques de la performance du mouvement – lumières, espaces, objets numériques, etc. – afin de recomposer des patterns multimodaux qui en scandent l’émergence et le déroulement du sens.

En savoir plus sur Valeria De Luca

Valeria De Luca est maître de conférences en sciences du langages/sémiotique à l’Université de Limoges depuis décembre 2020. Elle travaille à la publication de son premier ouvrage issu de sa thèse, qui porte sur une analyse anthroposémiotique et morphogénétique de la danse sociale connue sous le nom de tango argentin. Ses recherches portent sur les notions de forme, de geste et sur la dimension figurale de la signification, ainsi que sur des notions à la frontière entre sémiotique, esthétique et écologie, telles celles d’ambiance, de niche et de matérialité. Parmi ses publications récentes : « L’étrange “popularité” du tango argentin : perspectives critiques et débats actuels », Recherches en danse, n. 9 (2020/2021), « Refuser le temps pour agir le possible. Autour de “The Great Refusal” du collectif LIGNA », La Tadeo Dearte, n. 5 (2019), « Pour un dispositif atmosphérique. La rencontre entre geste et image dans les installations d’Adrien M. & Claire B. », Plastir n. 54 (2019).

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