Écriture inclusive et typographie post-binaire...
Pau, UPPA, Amphi de la Présidence
Ouvert à tous !
… entre désir de normalisation et affirmation queer : table ronde
Zuzana Licko, dessinatrice de caractères typographiques à l’origine de l’iconoclaste fonderie Emigre, disait « We read best what we read most » : nous lisons le plus facilement ce qui nous est le plus souvent donné à lire. Si cette hypothèse s’appliquait tout particulièrement au dessin des caractères typographiques, elle s’élargit aisément au langage tout entier.
L’évolution permanente de la langue, de sa grammaire et sa conjugaison aux formes typographiques du texte écrit, est le lieu de vives dialectiques et d’affrontements violents. Entre saillies hostiles d’académiciens, circulaires administratives, tribunes de soutien et usage quotidien, les débats récurrents qui émaillent l’actualité ne font que signaler combien le langage est toujours le lieu d’une lutte entre le pouvoir et sa contestation.
En conclusion de sa Leçon, Roland Barthes affirmait vouloir « tricher la langue » afin de déjouer sa dimension « fasciste », qui nous oblige à dire au sein de son cadre normatif. Les inventions langagières de l’écriture inclusive tout comme les audaces formelles des typographies post binaires ont comme objectif de questionner cette norme et d’exercer notre capacité à la transgresser, à y trouver des biais et des fêlures, des échappatoires et des terrains de lutte.
Au Bel Ordinaire, l’exposition Lettres d’amour invite des graphistes, typographes, peintres en lettres, designers de caractères à affirmer la vivacité de leurs pratiques. C’est dans ce cadre qu’autour de trois membres de la collective Bye Bye Binary se tissera une discussion qui permettra d’évoquer les enjeux d’un langage et d’une typographie non discriminantes, à même de traduire l’expression de nos identités multiples. On y parcourra les tensions qui y naissent, entre nos maladroits usages quotidiens, affirmations queer et désirs de sa normalisation.
Autour de Camille°Circlude, Enz@ Le Garrec et Léna Salabert-Triby, quelques invité⋅es surprises et des étudiant⋅es de l’ÉSAD Pyrénées et de l’UPPA ouvriront les débats et feront circuler la parole.