Sophie Cure – Le pavillon des villes invisibles

Du lundi 16 au vendredi 20 décembre 2019
à l’école de Pau
2 rue Mathieu Lalanne, 64000 Pau
+33 (0)5 59 02 20 06
pau@esad-pyrenees.fr

Ouvert à tous !

« De tous les changements de langue que doit affronter celui qui voyage dans des terres lointaines, aucun n’égale celui qui l’attend dans la ville d’Ipazie, parce qu’il ne touche pas aux mots mais aux choses. […] Les signes forment une langue, mais pas celle que tu crois connaître. Je compris que je devais me libérer des images qui jusqu’ici avaient annoncé les choses que je cherchais : seulement alors je réussirais à comprendre le langage d’Ipazie. »
— Italo Calvino, Les villes invisibles, Paris, Folio, 2013. (Le città invisibili, 1972).

Tels des ambassadeurs de villes lointaines, les étudiants de 2e année design graphique multimédia inventent, dans le cadre de ce workshop, l’identité graphique d’une des cités décrites par l’écrivain Italo Calvino dans Les Villes invisibles (1972) : Armille, l’inachevée, qui « n’a ni murs, ni plafonds, ni planchers », Sophronia, coupée en deux, Olinde la concentrique, Ersilie, où « les habitants tendent des fils qui joignent les angles des maisons » pour signaler des types de relations, Eudoxie et son tapis géométrique, ou encore, Sméraldine où « le chemin le plus court d’un point à un autre n’est pas une droite mais une ligne en zigzags », etc.

Avec quel alphabet communique-t-on dans cette ville ? Par groupe, ils mettent au point un ensemble de signes en résonance avec le caractère de leur cité, un système de langage imaginaire, un code d’écriture qui n’est pas nécessairement alphabétique. Quel son est produit par ces signes ? Quelle forme a la monnaie ou quels signes apparaissent sur les billets ? Comment se passe un bulletin météo ? Quelles formes ont les tickets de transports, les formulaires administratifs, la cartographie ou encore les guides touristiques ?

À partir de cet alphabet, ils produisent un objet éditorial, un spécimen typo et un court format vidéo.

Exercice de style sur la ville, l’ouvrage d’Italo Calvino est un prétexte pour appréhender les notions de variation et de système, fondamentales dans la construction d’une identité graphique.

En savoir plus sur Sophie Cure

Designer graphique, diplômée de l’ENSAAMA-Olivier de Serres, Sophie Cure s’intéresse aux frontières poreuses entre lecture et musique, typographie et notation musicale. Elle joue à décaler ces curseurs, questionne les mécanismes de déchiffrage et d’interprétation, la musicalité de l’écriture et la sensorialité de la lecture. Son projet de recherche Les Chants lexicaux explore des manières de faire sonner et résonner les livres entre eux. Au printemps 2018, dans le cadre de cette recherche, elle présente la Sonate pour trois lecteurs, performance pour faire sonner et dissoner les livres de la librairie Petite Egypte. La partition graphique a été interprétée par des comédiens du Collectif bim. Sensible aux pédagogies alternatives, inspirée par le travail de Froebel ou de Bruno Munari, elle articule un pan important de son travail autour de la conception de jeux pédagogiques. En 2011, elle a conçu des jeux typographiques pour stimuler l’apprentissage et le plaisir de lire chez les personnes dyslexiques, salués par un prix de la Fondation de France en 2012.
En 2015, est publié Le livret d’initiation au graphisme, qu’elle a co-conçu et co-écrit avec Aurélien Farina. Cet ouvrage vient de paraître en anglais en 2019 sous le titre Graphic Design Play Book. Elle travaille également dans les champs de l’identité visuelle, de l’édition, de la direction artistique et collabore avec des institutions publiques, des artistes et diverses structures, comme Le Signe, Centre National du Graphisme, Les Éditions Actes Sud, le Ministère de la Culture, le Centre Pompidou, le Muséum national d’histoire naturelle, la revue Télérama… Depuis 2015, elle intervient en tant qu’enseignante dans plusieurs écoles (Parsons School Paris, L’École des Beaux-Arts d’Angers).