Pensées du design 2011-2012

Publié le 19 octobre 2011

Le séminaire est mis en place et coordonné par Corinne Melin. Il a fait l’objet d’une publication spécifique dans le numéro 1 de la revue art et design recherche Échappées de l’ESA Pyrénées.

Présentation

« Le design est à la base de toutes les activités humaines – le positionnement et la structuration de tout acte vers l’obtention d’un objectif dans le design constitue lui-même un processus de design. »
— (V. Papanek, 2004)

En quoi et comment certaines approches philosophiques, certaines méthodes et pratiques anthropologiques et sociologiques animent le design ? Quel est le rôle de la recherche sociale dans la formation du processus même du design ? Quelles « transformations » les sciences sociales et ses recherches opèrent dans le faire et le penser du designer ?

Partons du design responsable, du design qui considère l’être humain et tente de comprendre ses besoins économiques, psychologiques, spirituels, sociaux, technologiques et intellectuels. Partons d’un design plus qualitatif que quantitatif, d’un design qui prend en compte dans la création de son objet, des croyances, des représentations, des habitudes que l’homme véhicule par et dans la pratique. Le designer, dans ce cadre, n’a-t-il pas à se demander pour qui il fait du design ? Et de quelles valeurs le design qu’il fait est imprégné ?

La recherche qualitative en sciences sociales apporte une méthode d’observation et d’analyse des interactions de l’être humain avec d’autres êtres humains, avec l’environnement et les objets qui l’habitent ; permettant notamment de comprendre les valeurs dans lesquelles les usagers sont inscrits. Dans ce cadre, l’objet du designer est considéré comme le véhicule de la relation qui nous tient ensemble.

« Un objet n’est pas une chose inanimée, mais fait partie d’un processus interactif qui est essentiellement culturel et social jusque dans les détails »
— (Fabio et Peinado, 2010).

« L’observation participative » peut être une méthode de collecte de données (base anthropologique), un moyen d’appréhender qualitativement des phénomènes microsociaux : observer la pratique quotidienne des objets dans ce qu’elle a de plus prosaïque et concrète ; observer la pratique quotidienne des objets dans ce qu’elle a d’inventif et/ou de créatif (De Certeau). ; observer les liens affectifs & symboliques que nous établissons avec notre entourage (cf. la sociologie du sensible que Sansot définit comme une analyse de « ce qui nous apparait et nous affecte »). Le philosophe Bruce Bégout s’appuie également sur une observation micro des « faits » de tous les jours dans l’approche phénoménologique du monde quotidien qu’il propose. Il en déduit notamment que la « quotidianisation » est la recherche d’un équilibre entre la préservation de ce qui est familier et l’adaptation à l’indéterminé, à l’étrangeté du quotidien.

Ce séminaire a pour intention de mener les étudiants à saisir la nature sociale et humaine du processus du design et de penser à l’analogie entre la création du design et l’observation du présent, du quotidien et des formes esthétiques de la vie sociale. Le designer, ne se trouve il pas prit, lorsqu’il crée, entre la révolution et la vie quotidienne ?

Invités

Pascal Nicolas-le-Strat
Agir en commun / agir le commun. Comment configurer et agencer un « commun » ?

Politiste et sociologue, maître de conférences en sociologie à l’Université Paul Valéry - Montpellier 3.

Thèmes de recherche concernent

  1. les micropolitiques de création ou de résistance;
  2. les formes d’expérimentation politique, artistique ou sociale;
  3. les politiques du savoir;
  4. le “travail du commun” comme nouveau champ de pratiques professionnelles et citoyennes, transversal à l’art, à l’urbain, au social… (agir le commun / agir en commun).

Biographie

Jérôme Denis
Une sociologie pragmatique de l’écrit

« Parce qu’elle reconnaît le rôle des objets dans l’action et qu’elle se préoccupe de la performativité du langage, la sociologie, dans sa version pragmatique, a beaucoup à apprendre des pratiques de lecture et d’écriture. Cette séance sera l’occasion d’identifier les fondements théoriques de cet intérêt pour l’écrit et d’explorer ses conséquences méthodologiques, en partant notamment de l’exemple du blog scientifique Scritpopolis et de quelques enquêtes récentes. Deux points d’analyse seront également abordés : l’intérêt d’appréhender les lieux publics comme des écologies graphiques et la nécessité d’élargir la question de la matérialité aux figures de la fragilité et donc aux pratiques de maintenance. »

Maître de conférences en sociologie, TELECOM ParisTech - Département SES, Laboratoire de Traitement et de Communication de l’Information (CNRS UMR 5141), Chercheur associé à l’équipe Anthropologie de l’écriture (IIAC, CNRS/EHESS), Membre du réseau Langage et Travail

scriptopolis.fr

Bruce Bégout
Phénoménologie et quotidienneté

Maître de conférences à l’université de Bordeaux 3. Ses travaux s’inscrivent dans la tradition de la phénoménologie. Spécialiste d’Edmund Husserl, il se consacre à l’exploration du monde urbain, des lieux communs et également du quotidien.