Diplôme Master's degree, 2018
Manon Ferré
Analogie d’une restauration
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » écrit Lavoisier dans son Traité élémentaire de Chimie en 1789.
Ce projet souhaite montrer une matière mutante, qui se déplace, se transforme au fil du temps pour des raisons diverses. Une architecture significative, la villa E-1027, construite par Eileen Gray et Jean Badovici de 1926 à 1929, passant au travers différentes transformations pour finir dévastée dès 1990. Une architecture oubliée et délabrée qui fera finalement machine arrière, entrant dans un processus de reconstruction dès 2013 vers son état initial, une nouvelle genèse prévue en 2020. La boucle est bouclée. Mais faut-il occulter les étapes d’une reconstruction ?
Une enquête au travers différents documents ont permis de comprendre l’histoire et poser les enjeux d’une restauration précise et complète. La documentation la plus riche se trouve être celle de 1929, ce qui influencera le choix de restauration. Il y a dans les pages de cette édition, des confrontations, des parallèles, des contrastes, des analyses. Découvrir les changements d’une architecture par les images, représentation médiatique dominante, pour analyser les enjeux de sa restauration. L’état actuel est une interprétation, une fiction. Tout le mobilier a été réédité, toutes les peintures restaurées, tous les tissus de nouveau confectionnés, les inscriptions redessinées. Chaque choix a donné lieu à de grandes discussions. Montrer ce qui n’est pas visible et s’interroger sur les possibilités de transmettre ces mutations dans l’espace imprimé d’une part et dans l’espace d’exposition, d’autre part.
1929 et 2020 se ressembleront mais les transformations qui les séparent ne cessent de questionner sur les possibilités et les enjeux d’une restauration moderniste. E-1027 est une oeuvre complète, un manifeste de l’architecture moderne, qui puise sa force dans les confrontations entre design et architecture. Son entièreté mérite à être montrée, ici se dévoilent les images de sa (dé)construction.